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- L’URSS a promu un discours antinationaliste qui a pu séduire jusqu’aux gauches européennes, mais qui n’a servi qu’à masquer l’existence de tentions nationales en son sein, ce qui a justifié toutes les répressions, les luttes de peuples colonisées étant travesties en luttes entre socialistes et réactionnaires.

- La seule chose que l’URSS ait réussi à inculquer à ses citoyens Russes, c’est un patriotisme ardent fondé sur la croyance en l’unité de la grande Russie, unité qui n’a jamais existé.

- C’est sur ce seul patriotisme que fait fond Poutine. Il a justifié les interventions militaires en Géorgie et en Tchétchénie par le même genre de rhétorique qui servait à justifier la guerre en Algérie : la nation se défendait contre des mouvements terroristes. Il est atterrant de voir des personnes de gauche, promptes à condamner dans les termes les plus sévères – et les plus justes – le passé colonial de la France, ne rien trouver à redire au présent colonial de la Russie. C’est la même rhétorique colonialiste dont use aujourd’hui Poutine pour justifier l’offensive en Ukraine.

- Qu’il y ait des nazis en Ukraine, je n’en doute pas. Je suis outré par la mansuétude avec laquelle on accepte le travestissement du boucher Bandera en soldat de la liberté, et rien ne me fera croire qu’une population qui peut applaudir à tout rompre des soudards bardés d’insignes dont la signification ne fait aucun doute ne file pas un mauvais coton. Mais la présence de l’extrême-droite en Ukraine n’est pas la raison de l’invasion de Poutine et ne la justifie pas non plus, pas plus que l’élection de Marine Le Pen ne justifierait que les chars russes entrent dans Paris.

- Si, comme il est parfaitement légitime, on s’inquiète des dérives autoritaires, oligarchiques et propagandistes en France, il est aberrant d’avoir la plus petite sympathie, ou confiance, envers le régime de Poutine où toutes ces tendances sont portées à un point bien plus élevé.

Pro-OTAN et pro-Poutine s’accusent mutuellement de "campisme", sans souvent prendre la peine de définir ce terme. Pour moi, le campisme consiste en l’attribution, dans une quelconque situation, de toute la force causale à l’un des agents. Dans le conflit en Ukraine, les parangons de l’Occident imaginent un Poutine mû par la pure "haine de la démocratie", les autres imaginent un Occident qui l’aurait poussé à une réaction inévitable et donc justifiée.

Face au campisme, il faut réaffirmer qu’il y a toujours, dans une situation donnée, plusieurs réactions possibles. C’est un principe moral, qui rappelle que chacun est responsable de ses actes ; mais c’est aussi – et c’est, en l’espèce, plus important – un principe analytique. Toute explication monocausale est fausse par principe.

Face à la situation en Ukraine, une certitude : c’est Poutine qui a franchi la frontière. C’est lui qui bombarde. Peut-être a-t-il cru lui-même à sa propagande et pensé qu’il serait accueilli en libérateur, sinon par la population, du moins par l’armée. C’est une caractéristique des dirigeants autoritaires que d’être mal informés. De cette certitude, une conséquence : il faut qu’il cesse les hostilités.

J’espère que l’Ukraine s’extirpera des idéologies d’extrême-droite, qui d’ailleurs ne lui sont pas propres puisqu’elles sévissent à peu près partout dans le monde, des Etats-Unis à l’Inde en passant par la France et la Russie. Mais cet enjeu est insignifiant et hors-sujet relativement au seul enjeu du moment, celui de l’urgence absolue : j’espère que cette guerre cessera.

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2.29K viewsHelloHelloInfo Admin 🇨🇭🇨🇵, 09:45